• Thaïlande intime !La Thaïlande est un pays où la jeunesse est à tous les coins de rue. Même si ces dernières années, les familles thaïes commencent à ressembler de plus en plus au schéma de nos familles européennes, c'est-à-dire un ou deux minots par femme. Vous remarquerez, surtout en Isan, si ce n'est déjà fait, lors des sorties des écoles en fin d'après-midi que les  bus scolaires sont bondés... Les garçons sur le toit, les filles bien serrées sur les banquettes à l'arrières des véhicules. À Sélaphum (district de la province de Roi Et), la ville se vide dès 16 heures, les enfants de tous âges rentrent dans un des 250 villages qui l'entoure.
    La Thaïlande compte désormais 67 millions d'habitants, une espérance de vie de 74 ans en moyenne, et moins de 20% ont moins de 15 ans alors qu'en 1960, cette tranche de la population représentait plus de 40% du total ! La Thaïlande s'urbanise et s’enrichit et ses courbes démographiques tendent à démontrer que ce pays va inexorablement vers un modèle de pays comme on les connaît en Europe.

    Thaïlande intime !

    La fratrie des Pohsri...


    L'exemple de « ma » famille « made in Isan » est flagrant : Oy ainsi que ses frères et sœurs sont nés dans ces années 50-60 et sont une fratrie de 7 ! Ils auraient pu être 9, mais deux bébés sont décédés à la naissance. À l'époque, les femmes accouchaient au village. Ensuite, Ma Dame et « les autres » ont tous eu 2 enfants et comme Tangmoo (le fiston), ils sont tous nés dans un hôpital, de campagne, voire même à Bangkok pour la plupart. La génération suivante suit ce modèle en ce qui concernent les filles, deux rejetons,  par contre les neveux de Ma Dame n'ont pas eu encore ce plaisir d'être pères ! La population vieillit donc et vit de plus en plus longtemps.

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    Yaille Mène qui nous a quitté à l'âge de 113 ans

    Si je vous bassine avec tous ces chiffres, c'est juste un prétexte pour vous parler, d'une tradition, qui encore aujourd'hui perdure en Isan.

    Une image sur le net m'a interloqué...

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    Au village, à Ban Pangkhan, j'ai souvent visité des femmes qui venaient d'accoucher, après un très court séjour en clinique (deux jours, trois maxi) afin de rencontrer leur petit miracle qui était arrivé sur terre et de lui asséner son premier petit gouzi-gouzi du Farang-Isan. Pour celles qui habitent en ville (à Bangkok principalement) et qui accouchent désormais là-bas, il fallait attendre quelques jours supplémentaires pour qu'elles reviennent « au Ban » avec le bébé. Le Ban, c'est la source, c'est au fond de leur cœur, de leur âme ! parlez du Ban avec elles et vous comprendrez cet attachement. Puis après un court moment passé au village, il n'y a pas encore de congé de maternité en Thaïlande à ce que je sache, elles repartiront au boulot très vite pour gagner les fafiots nécessaires au bon développement de bébé, le laissant à leur ascendance, c'est-à dire les grands-parents.

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    Tangmoo...

    On me demandait souvent de photographier les petiots afin d'immortaliser le moment, aujourd'hui, iphone & C° et internet ont remplacé mon vieil appareil photo à rouleau qui devint pourtant numérique de base. Cela ne m’empêche toujours pas de me rendre aux alentours pour délivrer mon traditionnel guili-guili de bienvenue à ces petits êtres nouvellement arrivés; la différence est que je les visite désormais sans ma boite à image !

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    Par contre en arrivant sur place, rien n'a changé ! Le bébé est déjà dans son hamac de fabrication maison. Il se compose d'une pièce de tissu rectangulaire à carreaux multicolores de 60 par 160 cm, habituellement cela sert comme serviette de bain. Les coins de ce « mini-sarong » sont reliés à chacune de leur extrémité dans le sens de la largeur du bout d'étoffe puis accrochés en haut de montants en bois d'un mètre de hauteur qui eux sont fixés à un socle rectangulaire afin que le tout ne verse pas lorsque l'on bercera bébé !

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    Celui-ci va y passer une grande partie de sa prime jeunesse, engoncé, bien calé. On se trouve alors sous la maison qui est traditionnellement dressé sur des piliers, une grande table basse de bambou voire plusieurs occupent la place. Elles servent à tout ces grandes tables, on s'y assoit en cercle sur des nattes que l'on aura préalablement étalées afin d'y manger, puis une fois les nattes secoués, on y fera la sieste en groupe. Bébé dans son hamac sera toujours là, pendant le repas, pendant la sieste, il s'imprègne de l'esprit communautaire ! Il dort malgré le bruit des conversations, s'il moufte, une ficelle accrochée sur un coté de la pièce de tissu sera actionné rapidement par un membre la famille ou un invité afin de le bercer pour qu'il reparte dans ses songes de petit être humain...

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    Et la mère ? Elle est là ! Cependant, lors des premiers jours suivant l'accouchement, on l'aura installé dans une petite pièce contiguë à la plate-forme en bambou, souvent cela se trouve être la cuisine : munie d'une porte, cette pièce est en fait un muret surmonté de grands bambous taillés sur-mesure qui rejoignent le plancher-plafond de la maison sur pilier, chats, chiens et autres bestioles n'ont qu'à bien se tenir, pas question de piquer le frichti de la famille ! On y fait aussi le feu pour cuire le riz et tout proche du foyer, on va y installer la maman. Un « lit » d'un jour nouveau l'attend... Elle y restera entre une semaine et dix jours. Ce lit se trouve être une planche de bois placée au dessus d'un lit de braise. Si si, nue sous un sarong, elle va transpirer, les kilos et toxines accumulés pendant neuf mois n'ont qu'à bien se tenir. Sa propre maman alimentera la braise, la chouchoutera, la nourrira, la massera grâce à des décoctions de plantes comme l'aloès ou des racines de Curcuma. D'autres feuilles et bois que je ne connais pas viendront terminer ce remède de choc. Les éventuelles vergetures vaincues (ça ne marche pas toujours), son corps de jeune fille retrouvé, la maman pourra penser à retourner à ces occupations (allez ! Au boulot!) et peut-être dorloter elle aussi à son tour...

    Thaïlande intime !


    Vous comprendrez donc pourquoi je n'ai pas pris de photos de ces mamans, qui entre supporter une certaine torture (imaginez en pleine saison de Songkran par exemple, la chaleur qu'il peut faire) et se résoudre à cette thérapie afin de laisser de coté les excès d'une grossesse, les immortaliser m'aurait sembler déplacé... Il y a des moments intimes que l'on doit respecter.


    Paille kheundheu...


    Crédit photo : Photo en tête @Gerhard Veer/ Photo berceau @Bernard Narbé/ Photo planche de chauffe @inconnu


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