• Thaïlande : Au bonheur des mômes ! (Et de tous?)

    Thaïlande : Au bonheur des momes ! (Et de tous?)Lors de notre dernier passage à Ubon Ratchathani, arrivant de Sélaphum par la N23 à l'entrée de la ville, non loin de l'aéroport international, nous la contournions par le périphérique, celui qui penche sur la droite, direction Sisaket ! Nous passions sur la gauche le temple de la consommation, le Central Plaza, à ses cotés, droit dans dans ses bottes, le nouveau concessionnaire BMW et sa petite sœur collée sur son flanc, la concession Mini... On dirait bien que les grandes villes de l'Isan veulent s'enorgueillir à flatter les nouveaux riches. Au milieu de la circulation digne de celle que l'on subit aux heures creuses à Bangkok (et c'est déjà du lourd !), les rejets conséquents de dioxine de carbone apportaient la preuve que Ubon se développait à vitesse grand V. Nous entendions, malgré tout ce brouhaha alimenté par un nombre incalculable de camions et de véhicules en tous genres, venant par notre gauche, un son d'occident ; les cloches sonnaient à pleine volée, une église que je n'avais pourtant pas remarqué lors de nos passages précédents, tentait par son clocher imposant et le son de ses carillons de s'imposer dans un ciel Bouddhique à souhait orné de ses stupas et de ses statues du Sage, sur pied ou dans une position où il est assis en tailleur. Passant un pont de géant enjambant une rivière, la très large Mea Nam Moun, nous pouvions nous engager sur la route 24 direction l'université. La raison de ces week-ends à Ubon étant de passer du temps avec notre grande fille Tan, coincée dans ses études et ses emplois du temps surchargés et changeant à tout bout de champ.


    Quittant le périphérique, en s'engageant sur cette route qui longe la frontière nord du Cambodge, je remarquais sur la droite une esplanade déserte entourant de nombreux grands préaux, de loin, cela semblait être un marché, un énorme marché, vide de clients et marchands, il n'était que midi et à cette heure, sous un soleil implacable, le Thaïlandais ne s'aventure que très rarement dans cette fournaise ; il est plutôt friand de la climatisation des centres commerciaux voire d'un hamac tendu entre deux manguiers offrant leur ombre bienfaitrice, souvent proche d'un étang donnant la sensation de fraîcheur !

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    Nous n'allions pas déroger à la règle, après un repas pris sur les bords de la rivière, une sieste digestive sous un sala (abri de plein air) fait de bambou, une balade en centre-ville, nous revenions vers le temple du savoir. Fin d'après-midi, le chaleur devenait raisonnable. Il était temps de penser de nouveau à ce que l'on allait manger, voire prendre un petit goûter et nous nous arrêtions alors auWarin Charoensi talat (le marché de Chaorensi se trouve dans le district de Warin au sud de Ubon ville où se trouve entre autre l'université de la province éponyme).

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    La physionomie du marché avait changé. Il y avait du monde et pléthore de marchands offrant toute sorte de nourriture : du roti (sorte de crêpe dont la recette est d'origine indienne) au café frappé jusqu'au plats traditionnels de la cuisine thaïe en passant par les frites et pizzas dont l'épaisseur est redoutable comme ses ingrédients les composant, comme qui dirait adaptés au goût local, c'est-à-dire un douteux mélange de sucré (fruits), salé (saucisses voire louk tchin) et piments de toutes tailles. Sous les gigantesques entrepôts ouvert à tous les vents, les grossistes occupants les différents bâtiments se regroupaient par catégorie de légumes ou fruits que la création a bien voulu offrir à la terre de Thaïlande. À chacun son hangar : un pour les bananes et papayes, un autre dédié exclusivement aux oignons, plus loin, celui des choux de toutes sortes, la liste serait trop longue pour vous la détailler. Au milieu de tous ces plots, un autre marché, celui des bêtes à manger... Poissons vivants (évidemment), poulets, canards, certains prêts à être cuisiner, les autres en cage, attendant inexorablement la future machette qui les décapiterait. Au milieu de tout ça, les délices d'Isan, rats, insectes, chauves-souris, alignements d'oreilles et groins de cochons et là encore la liste serait trop longue et ce texte, celui que vous êtes en train de lire, serait sans fin !

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    D'ailleurs, à ce stade de lecture vous pourriez me dire : « Mais qu'est-ce que tout cela a à voir avec le titre de cet article ? » Je vous répondrais alors : « Patiente, nous y arrivons ! »
    En sortant de ce dédale de hangars et de ces allées débordants de nourritures prêtes à être ingurgiter, une énorme sono crachant les derniers tubes de molam à la mode entrecoupés d'interventions d'un animateur totalement surexcité, peut-être par les danseuses en paillettes et mini mini-jupe qui l'entouraient sur la scène, ventait les derniers modèles Toyota. Tirages au sort et vidéo accaparaient l'attention de nombreux hommes. Plus loin, près du parking fait de latérites et malgré le monde, il était presque vide, il y avait encore un avalanche de marchands mais ce coup-ci, de fringues, de chaussures, de quincaillerie en tous genres, de produits de beauté, de médicaments miracles, tous ces stands charmant le chaland sans objectif d'achat !
    « Le parking presque vide » s'expliquait alors par un passage très tôt le matin où alors celui-ci débordant de véhicule, bus-bétaillères et pick-up en pagaille, venaient s'approvisionner de toute la province sur ce marché qui sans conteste se voulait être principalement un marché de gros ouvert au commerce de minuit à huit-neuf heures le matin ! Comme quoi tout s'explique !

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    Le fiston et moi-même trouvant que Môman et Tan s'éternisaient un peu trop longtemps autour du marché « des inutiles », Tangmoo repérait un salaïdeuh, déformation de l'anglais « slider ». Pour faire court, un toboggan gonflable dans une sorte de château-fort où la jeunesse pouvait passer sa surexcitation, son trop-plein d'énergie sans se blesser pointait à l'horizon !

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    Nous nous en rapprochions. Devant l'entrée, un monceau de chaussures laissait présager qu'il y avait foule ! Musique à fond, DJ au micro, le degré d'excitation était encore plus grand. Tous les enfants sautaient à pied joint comme des morpions montés sur pile, dévalaient les pentes des deux toboggans dans un désordre total faisant brinquebaler la structure de gauche à droite, le tout sous l’œil des parents prenant leur mal en patiente. En effet pour 20 Baths (lorsque c'est à Ban Pangkhan que les organisateurs de défouloir infantile débarquent, cela ne coûte que 10 Baths, village oblige), les enfants peuvent s'en donner à cœur-joie pendant environ 20 minutes. Pour s'y retrouver, les forains pendent autour du cou de chaque marmot des étiquettes de couleur et le garçon au micro fait tourner pour qu'il reste un espace minimum pour tous pour gesticuler. Cela lui permet aussi de renouveler l'abonnement de l'enfant qui n'aurait pas eu sa dose de dépense calorifique.

    En face la sortie de la gigantesque plaine de jeu gonflable, l'éternel roulotte de boissons sucrées vendues au verre en plastique jetable débordant de glace pilée et de louk tchin (boulettes de viande) enfilées en brochette préalablement plongés dans de l'huile plus que douteuse avant dégustation, attendait la marmaille hors d'haleine et trempée de sueur. Un moyen inéluctable de les arrêter de sauter sur place, simplement de les calmer et de les réhydrater pour les plus rouge d'entre eux !

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    Juste derrière l'échoppe, des petites tables basses, les enfants sagement installés sur des petits tabourets permettaient à leur jeune talent de s'exprimer. Atelier peinture sur toile! On pouvait acheter le dessin de son choix sur son socle de bois pour seulement 20 Baths, palette de couleur à l'eau et pinceau fournis permettaient alors au plus énervés des sauteurs sur caoutchouc de définitivement se calmer, au plus grand bonheur des papas et mamans qui semblaient soulagés, même si de toute façon, ce n'est pas dans leur nature de s’inquiéter du débordement d'énergie de leur progéniture (l'éternel esprit mai pen rai).

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    Je faisais donc comme eux, assis sur un mini tabouret, distribuant un signe de la main de temps à autre vers Tangmoo hurlant des « papa, papa ! », je prenais ma posture contemplative, observait le flux et le reflux des enfants accompagnés de leurs parents ou grand-parents, la plupart d'entre eux étant les enfants des camelots, qui enchaînaient les tours de salaïdeuh sans se soucier si leurs aînés feraient suffisamment de chiffre pour payer la note au propriétaire du toboggan. Assis, je fumais, partageais avec le plus tatoué des papas, sa bière, lui fumant mes clopes et heureux de pratiquer un anglais appris sûrement dans une station balnéaire lointaine de la cote sud du pays. On matait discrètement les jolies mamans, parlions de tout et de rien, « papa, papa », signe de la main et sourire bienveillant, arrivée du marchand de glace en mobylette rouge accompagné de son jingle connu de tous, attroupement, on sort les pièces, les billets pour les plus gourmands, le rush terminé, le garçon des glaces se fume une clope et bois un coup de la bière du « papatatoué », interrogatoire en règle, en lao, sur ma pomme... regard perdu, pensée lointaine, sourire discret, « qu'est-ce qu'un farang peut bien trouver à mon pays ? », il relance le jingle et repart. « Papafarang » et « Papatatoué » se lèvent de concert, les enfants à l'étiquette rouge doivent sortir, les nôtres sont de ceux-là, recherche des paires de slaps et tongs dépareillées par le piétinement des hordes de gosses se ruant dans le château-fort laissant où elles le veulent leurs chaussures respectives... « Paille Kheundheu », on se quitte, on se reverra peut-être, Môman et Tan se pointent, tranquille, un verre de nam Sapaï (Sprite) sur glaçon pour Tangmoo, « papa, encore !», « non, deux fois, c'est déjà pas mal, non ? », regard amusé d'une maman qui entend Tangmoo déblatérer dans la langue de Molière, question à Oy, début de palabre, une longue histoire, trop longue, la nuit tombe, « il fait faim », Tan, Tangmoo et moi, nous éloignons doucement, Môman nous voit partir, elle abrège la conversation, nous rejoint, ça tombe bien, elle aussi, a comme un petit creux...
    Le lendemain nous repasserons devant ce marché, Tan est resté dans son dortoir au sein de l'université, Tangmoo aperçoit de loin le toboggan et s’apprête à me demander de s'arrêter, je sens que sa maman se ferait bien encore un nouveau petit tour de marché, des fois que... Mais moi, lorsque je conduis vers un objectif, je garde le cap et avant toute velléité familiale, je dis qu'à Sélaphum, on arrivera juste pour le marché, en deux heures de route, j'espère qu'elle oubliera cette information et Tangmoo sachant qu'il n'y a pas de salaïdeuh là-bas, je lui dit que ces potes l'attendront sûrement au village et qu'ils auront l'occasion de s'amuser comme cette brochette de garçons des villages d'Isan...

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    Crédit photos source page fb@รักษ์อีสาน รักบ้านเกิด


    Paille Kheundheu...

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